Assurer la transmission

Le 4 janvier, 2020 — 10:49 pm

Lorsque l’on donne la Vie, le lien qui nous unit à notre enfant est unique et très puissant. En ce qui concerne les mères, on parle souvent « d’amour inconditionnel ».

Or, une composante de cet amour, c’est le désir de transmettre son expérience existentielle, avec comme objectif généralement reconnu d’outiller sa progéniture pour permettre à celle-ci de Mieux Vivre, de connaitre le Bonheur. Ainsi, la cuisinière lèguera à ses filles un recueil de ses recettes préférées, l’artisan (qu’il soit ébéniste, maçon, potier, cordonnier, etc.) enseignera les techniques mises au point au fil du temps, le planificateur financier transmettra son savoir et… ses avoirs judicieusement ‘mis en valeur’.

Personnellement, j’ai exercé plusieurs professions tournant autour de la Langue et la Littérature: libraire de 18 à 35 ans, puis traductrice, réviseure et rédactrice, et dans les dernières vingt et quelques années de mon parcours professionnel, enseignante de français. Mon milieu de vie fait largement place à l’objet sacré appelé ‘livre’, et ma fille a donc grandi entourée de bibliothèques croulant sous les bouquins de tous formats et de tous types.

La photo on ne peut plus authentique partagée en présentation de ce ‘pourquoi’ reflète la place qu’a occupée la lecture dans notre vie de famille, dans notre quotidien. C’était une activité privilégiée, et la bibliothèque de ma fille comportait des centaines d’albums splendidement illustrés, de romans jeunesse allant des récits d’aventures aux récits d’apprentissage, québécois comme européens.

La grande ironie dans tout cela, c’est que, devenu adulte, mon chérubin chéri lit assez peu. Ce qui l’interpelle, ce sont les biographies, les livres de cheminement personnel ou les ouvrages concernant les finances ou le coaching. Je ne la crois pas susceptible de se laisser véritablement emporter dans un univers littéraire, ou de ressentir le plaisir esthétique d’une intrigue bien ficelée, d’une phrase bien tournée ou d’un vocabulaire généreusement évocateur.

En dépit de cela, c’est beaucoup en pensant à elle que j’ai entrepris ce matrimoine. Certes, il a une visée plus large, car j’aimerais arriver à intéresser d’autres lecteurs et lectrices. Je développe dans mes trois autres ‘pourquoi’ ma préoccupation de laisser des traces, sorte de révolte contre l’inexorabilité du temps qui efface tout sur son passage.

Mais en dernière analyse, je souhaite de tout coeur que la Chair de ma chair prenne un jour le temps de parcourir ce blogue, pour mieux connaitre l’étrange bestiole que fut sa mère ! Ledit blogue lui confirmera quoi qu’il en soit qu’il lui est vital de transmettre, elle aussi, un héritage qui ne sera peut-être pas livresque, mais qui représentera sous une autre forme la quête qui aura été la sienne.

Pour conclure, je lui offre un court poème que la contemplation des deux photos mises de l’avant sur cette page m’a inspirée :

Je me souviens, Sonia chérie,

De la douceur de ton pyjama rose, de la fraîche odeur de ton petit corps sortant du bain, de ton joyeux babil te joignant au mien,

L’éléphanteau, le rhinocéros et l’ourson dodu écoutaient bouches bées les histoires dont nous les régalions

Soir après soir,

Mère et fille unies

Dans un moment de joie pure et à jamais inégalée.

Je t’aime, encore et toujours.

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